S’il est une chose commune aux cultures, aux époques, et même aux espèces, c’est bien la différence entre les genres. La première chose qui est spécifiée chez un être vivant, c’est son genre. Lorsque nous devons décrire une personne ou un animal, avant même de parler de l’âge ou de la condition physique, nous spécifions si c’est un mâle ou une femelle, car les corps sont différents, en particulier chez les mammifères.
Même si les hommes ne sont pas tout à fait linéaires, les femmes elles, sont sujettes à de nombreuses variations hormonales dont les désagréments sont bien connus.
Est-il seulement utile d’annoncer que la palme d’or des inconvénients est décernée à …. La période des règles ! Quoique … ? Le syndrome prémenstruel n’est pas mal non plus !
Les dispositifs contraceptifs sont des solutions pour pallier les douleurs et stabiliser les humeurs. Cela dit, tout le monde ne les supporte pas et de nombreuses femmes y sont réticentes pour de multiples raisons. Comment peut-on alors tirer partie du cycle menstruel ?
Être maître·esse de soi
Comme dans bien des situations, à partir du moment où nous comprenons et acceptons ce qu’il se passe, nous vivons mieux. C’est peut-être dans la compréhension du cycle féminin que l’expression « laisser couler » prend tout son sens.
A l’instar des saisons, on retrouve quatre phases. La montée d’énergie printanière qui correspond à la pré-ovulation. C’est un moment idéal pour préparer toutes sortes de choses. On prépare sa valise avant le grand départ. L’ovulation, quant à elle, est associée à l’été. C’est la période où l’énergie est à son point culminant, au cœur même du voyage. C’est ce fameux moment où les femmes seraient capables de faire mille choses à la fois. La décélération arrive ensuite en automne (période prémenstruelle). C’est la redescente, le trajet de retour. Enfin, arrivent les règles, moment où l’énergie est au plus bas, en hiver, retour à la maison.
Ce que la nature vie en une année, les femmes le ressentent dans leurs corps en 28 jours (en moyenne, car le cycle peut aller de 21 à 35 jours). Si ces différentes phases sont refoulées et que l’on redoute l’arrivée des règles (comme c’est très souvent le cas) on risque d’être en conflit avec soi-même. On essaie de remonter la rivière à contre-courant alors qu’il serait plus simple de se laisser guider par la puissance du fleuve. Cela peut entraîner des contradictions entre ce que l’on attend des femmes et ce qu’elles ressentent intrinsèquement.
Connaître et reconnaître les différentes phases de son cycle est primordiale pour savoir comment en tirer profit. Il faut aussi avoir conscience que les cycles se suivent et ne se ressemblent pas, sinon ce n’est pas drôle. Le syndrome prémenstruel n’est pas systématique par exemple.
On peut difficilement passer à côté des menstruations, mais on est souvent moins attentives aux autres phases. On se dit que c’est la pression qui monte, ou la tension qui redescend. On ne fait pas forcément le lien avec les fluctuations d’énergie liées aux hormones.
Il faut également, le cas échéant, identifier d’éventuels déséquilibres liés au cycle. Ceux-ci peuvent être d’ordre physiques (maux de ventre, migraines, douleurs lombaires, spasmes, désordre digestif, hémorragie …) ou psychologiques (tristesse, hypersensibilité, colère, dépression … ) Notons que la liste de ces symptômes n’est pas exhaustive et qu’ils sont souvent accentués par la fatigue ou le conflit interne. Si par exemple, on se connaît une hypersensibilité durant la période prémenstruelle, on évitera précisément à ce moment de soulever des sujets sensibles ou de cuisiner des frites avec son chemisier fétiche qui risque d’être taché à tout jamais… C’est souvent dans ce genre de situation très banale que les réactions sont complètement démesurées. L’incompréhension de ses propres actes en rajoute une petite couche sur la tartine de mal-être.
Si en revanche, nous sommes conscientes que les ressentis sont liés au cycle, il est alors possible de prendre du recul et de mieux réagir. Cette soumission aux variations hormonales est une réalité qu’il faut apprendre à apprivoiser pour vivre en harmonie avec soi.
Le cycle menstruel peut devenir un véritable allié, un gestionnaire de projet interne sur lequel s’appuyer pour se réaliser. Avoir la pleine conscience des quatre périodes est central.
Il est évidemment impossible de prévoir sa date d’examen ou d’entretien d’embauche. Chacune des différentes phases du cycle aura cependant des inconvénients et des avantages dont il est possible de tirer partie si on y est attentive. L’hormone du stress par exemple, est beaucoup moins produite pendant les règles (le corps est occupé à autre chose.) Même si à ce moment le corps est fatigué et ralenti, les réflexions sont plus poussées. On se laisse alors plus simplement guider par ses intuitions profondes. Celles-ci même qui ne trompent jamais !
Les astuces et postures qui soulagent pendant les règles
- De madame Bovary à la Reine des neiges, l’effet de la bouillotte sur les maux de ventre n’est plus à prouver. Encore faut-il l’avoir sous la main, cette fameuse bouillotte ! Pas de problème, une bouteille remplie d’eau chaude enroulée dans un t-shirt fait l’affaire. S’il est impossible de garder sa bouillotte sur soi, sachez qu’il existe en pharmacie des patchs chauffants pour la détente musculaire. Ils sont connus pour traiter les douleurs cervicales ou lombaires, mais ça marche aussi pour les règles.
- Pensez à boire davantage lors des menstruations. C’est la contraction du muscle de l’utérus qui permet l’évacuation du sang, et comme tout muscle, il fonctionne mieux s’il est hydraté. L’utérus est parfois aussi plié ou mal placé et peut appuyer sur d’autres organes pour se vider. Le muscle contracte plus fort et en principe, on le sent bien !
- Il y a aussi bien entendu la solution médicamenteuse avec le paracétamol et les anti-inflammatoires. Pour les femmes atteintes d’endométriose, c’est parfois l’ultime recours.
- Si on se sent disposée (oui, c’est possible quand on a ses règles.) Il ne faut pas hésiter à faire un peu d’exercice. La marche ou la course à pieds relaxe le ventre et aide à faire circuler les fluides
Comme la pratique du yoga est une solution à (presque) tout dans la vie, il existe de nombreuses postures qui vont aider le corps à faire ce travail d’évacuation. Avant tout, il convient de faire un récapitulatif sur ce qu’il ne faut pas faire quelques jours avant, et pendant les règles.
On évite : les inversions, les torsions et les compressions. Celles-ci ne favorisent pas l’écoulement. Pour les initiées du yoga, rappelez-vous que pendant les jours menstruels, on ne pratique pas les respirations de feu (kapalabhati et bhastrika) ni les verrous du bas du corps (uddiyana et mula bandha). Toutes ces techniques seront cependant les bienvenues après les règles pour replacer l’utérus. On favorisera en revanche toutes les postures qui ouvrent le bassin : l’angle ouvert au sol, le bébé heureux, le pigeon…
La posture la plus populaire pour la période menstruelle (et non des moins ludiques) est la posture du papillon. Le papillon peut se faire en mouvement ou statique, mais aussi allongé. Même si on est indisposée à toute pratique, on peut simplement s’allonger sur le dos, genoux fléchis en joignant la plante des pieds au plus près du périnée. Concentrez-vous sur la respiration et ressentez l’ouverture de l’aine à chacune des expirations. Favorisez d’ailleurs toutes vos expirations dès que vous y penserez. Cela aidera le corps à évacuer.
Si vous vivez avec un chat, c’est le moment de l’imiter ! A quatre pattes, alternez dos rond et dos creux. Cela détend le bas-ventre et les lombaires. Dans la même idée, mais debout, vous pouvez vous pencher en avant, dos parallèle au sol. Servez-vous du dossier d’une chaise comme support pour vos mains. Si vous avez tendance à souffrir dans le bas du dos, c’est un exercice facile et faisable avec n’importe quel support.
Ce sont ici de petits conseils, mais il est possible d’aller beaucoup plus loin dans l’adaptation du yoga en fonction du cycle féminin.
S'écouter
De la puberté à la ménopause, une femme a en moyenne cinq cent fois ses règles. Cinq-cents cycles de vie et de mort, autant de renaissances et de déclins qui se produisent de façon autonome et inconsciente. Il est finalement normal qu’un tel phénomène ne passe pas inaperçu. Attention toutefois à ne pas tout mettre sur le compte des variations hormonales… Elles ont parfois bon dos les hormones ! Globalement, il y a une phase pendant laquelle l’énergie bat son plein (pré-ovulation et ovulation). C’est une opportunité pour sa productivité, on a l’envie et les ressources pour faire. La seconde phase (pré-menstruelle et règles) est donc moins vive, plus réfléchie. On est apte à prendre du recul et à se poser les bonnes questions pour s’améliorer.
Les règles sont une formidable opportunité pour se débarrasser des choses indésirables. Les pertes sanguines évacuent les détritus corporels, certes. Si on s’imagine qu’elles débarrassent également des déchets émotionnels, c’est comme une psychothérapie, mais gratuite.
Merci le cycle féminin !